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Démission de Teva et empathie d'Edouard...

Mardi 17 mars 2020 - Candidat aux élections municipales dans la commune de Punaauia, Teva Rohfritsch avait déclaré publiquement pendant sa campagne qu'il démissionnerait de son poste de Vice-président et Ministre du gouvernement Fritch s'il n'était pas élu maire. La parole est passée à l'acte le surlendemain de ces élections, la démission est déposée dans les mains du Président, à qui il appartient de se prononcer. Sans attendre, ce dernier a fait comprendre : non, pas bouger, tu restes là !

La patate chaude commence à être brûlante, mais l'argumentation du spécialiste en communication va aider à la refroidir. En appliquant avec maîtrise la rhétorique d'Aristote, Teva Rohfritsch peut être sur de gagner l'empathie et la confiance de son président. Dans son courrier de démission, le Tapura Huiraatira et le Gouvernement semblent indirectement ciblés comme responsables de sa défaite à Punaauia. Le programme du gouvernement porté par son candidat Teva Rohfritsch, "n'a pas convaincu les électeurs de la commune". Le même scénario s'est d'ailleurs produit dans la commune voisine de Faa'a, où Jean-Christophe Bouissou n'a pas non plus réussi à convaincre, avec les projets du gouvernement et le soutien du Tapura.

En outre, le manque "de temps pour détailler les projets", est forcément "du fait de l'exercice de ses fonctions de Vice-président et de Ministre en charge de huit portefeuilles ministériels". En d'autres termes, les soutiens apportés par le Tapura Huiraatira et le gouvernement Fritch, n'ont pas aidé le candidat à être au moins présent au second tour. Pourtant, le jeune candidat du gouvernement a tout fait pour gagner, en mettant "en avant les valeurs de rassemblement, d'humilité et de respect", des sujets qui devraient toucher directement les électeurs. Mais même sur ces simples valeurs de base, sa politique n'a pas convaincu.

La controverse des arguments est le propre même du pathos d'Aristote. Pour se sauver la face, la moral viendra à son secours. Teva Rohfritsch doit rester crédible, car il s'était engagé devant la population. D'où le passage de la parole à l'acte : "je vous prie de bien vouloir accepter ma démission du Gouvernement", officialisera-t-il par conséquent, son engagement. Mais cette crédibilité ne doit pas en rester à un stade de défaite ou d'échec. En effet, pour en tirer avantage, Teva Rohfritsch propose au gouvernement son expertise "dans la gestion de la crise sanitaire liée au coronavirus qui menace notre pays", et surtout "pour que l'ensemble des ressources puissent être mobilisées pour éradiquer ce fléau". Il est bien évident que le seul aujourd'hui à bien connaitre les verrous des finances du pays, c'est bien Teva Ro !

Comme il était prévisible, le Président du gouvernement n'a pas attendu pour répondre à la demande de démission de son candidat à 2 139 voix. "Je vous demande instamment de rester au sein du gouvernement" écrit-il aujourd'hui même, avant de préciser : "je veux compter sur votre compétence et votre contribution pour relever ce défi", en référence à la crise sanitaire.

Par conséquent, Teva Rohfritsch reste Vice-président... Ah la communication ! C'est un vrai métier.

Lettre de démission du Vice-président

Réponse du Président du gouvernement